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Le fonds

Gaëtan Picon à l’imec

Écrivain, essayiste, critique littéraire et critique d’art, Gaëtan Picon, homme multiple, fut également collaborateur à de nombreuses revues, directeur du Mercure de France, co-rédacteur de LÉphémère, directeur de la célèbre collection « Les sentiers de la création » aux éditions Skira et directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Enfin, il occupa avec éclat, pendant 7 ans, de 1959 à 1966, les fonctions de Directeur général des Arts et des Lettres au ministère de la Culture auprès d’André Malraux.

Ses archives, confiées à l’IMEC en 1995 par son épouse, Geneviève Picon, et ses deux fils, Pierre-André et François-René Picon, témoignent de cette diversité tout autant que de l’unité de l’aventure intellectuelle qui fit de Gaëtan Picon l’un des principaux acteurs de la vie littéraire et artistique en France durant une trentaine d’années.

Outre les manuscrits de ses œuvres littéraires (Un champ de solitude, 1968 ; L’Œil double, 1970), de ses études critiques (Panorama de nouvelle littérature française, 1949 ; L’Usage de la lecture, 1960-1963) et esthétiques (Ingres, 1967 ; Le Travail de Jean Dubuffet, 1973), le fonds comprend l’ensemble de ses cours de philosophie, de littérature et d’esthétique, ses conférences, préfaces et articles, ainsi que ses archives personnelles d’éditeur et d’administrateur culturel – parmi lesquelles on trouvera, par exemple, la première définition d’un projet qui aboutira à la création du Centre Georges-Pompidou.

Une ample correspondance, enfin, reflète le vaste cercle des amitiés et des admirations de Gaëtan Picon : André Malraux et Georges Bernanos, à qui il a consacré ses premiers ouvrages, mais aussi Yves Bonnefoy, Jean Starobinski, Georges Séféris, Guiseppe Ungaretti, Jean Dubuffet, Francis Ponge, Georges Schehadé, Octavio Paz ou Julien Gracq. 

Pour toute consultation, s’adresser au Bureau d’aide à distance de l’IMEC, à l’abbaye d’Ardenne, par tél (02 31 29 52 33) ou par courriel (chercheurs@imec-archives.com).

Thèses soutenues sur

Gaëtan Picon

Gaëtan Picon (1915-1976) : Esthétique et Culture

Agnès Callu, 2009, sous la direction de Jean-François Sirinelli – Paris, Institut d’études politiques.

Directeur général des Arts et Lettres auprès d’André Malraux de 1959 à 1966, Gaëtan Picon ne cesse jamais d’être un critique des écrivains et des artistes. Alors que son Ministre veut partout, par les Maisons de la Culture, diffuser l’héritage total des productions du passé, il privilégie, en philosophe inspiré par Nietzsche, l’élan créateur de la génération des René Char ou Jean Dubuffet. Inventeur d’une théorisation de la Culture contemporaine, il préconise un Musée d’Art moderne, renouvelé dans ses postulats intellectuels autant que dans ses structures. Hors du temps politique et à l’écart des recherches structuralistes, il se passionne pour l’interprétation de la genèse des œuvres issue des ateliers de leurs auteurs. Dès lors, il configure les règles d’une critique « consciente », poétique et philosophique qui, par la densité d’un style à la fois sensualiste et abstrait, l’a cependant marginalisé dans les imaginaires sociaux.

Présence critique de Gaëtan Picon. Dans l’ouverture de l’œuvre, Classiques Garnier, 2015

Aurélia Maillard-Despont, 2011, sous la direction de Juan Rigoli – Université de Fribourg.

À l’écart des écoles d’esthétiques et des courants de la critique, Gaëtan Picon s’est tenu dans « l’ouverture de l’œuvre », à savoir dans une attitude de réceptivité à l’égard des productions de son temps. Son parcours, marqué par le passage de la critique littéraire à la critique d’art dans le tournant des années soixante, se confond avec la recherche des conditions de l’expérience esthétique authentique. Abandonnant son projet de méthodologie du jugement au profit de la « jouissance réfléchie », Gaëtan Picon parviendra à répondre à l’appel de l’art au sein d’une œuvre critique forte d’une personnalité et d’un style où les interrogations du spectateur rejoignent les intuitions du créateur.

L’œuvre, le temps, la vie dans les écrits de Gaëtan Picon

Dorian Manier, 2019, sous la direction de Bernard Vouilloux – Sorbonne université.

Quand Gaëtan Picon écrit en 1970 « toute œuvre est à la fois image, représentation, et présence d’une existence » dans Admirable tremblement du temps, il a probablement trouvé une définition convaincante de l’œuvre. Critique, philosophe, enseignant, Directeur général des Arts et des Lettres, penseur en dehors des écoles, il a toute sa vie été proche de la littérature et de la peinture. Par ses articles, ses essais, ses romans, par sa pratique de l’écriture et des œuvres, de l’écriture de l’œuvre, avec son esprit et ses sens, il a fait l’expérience de cette œuvre qu’il a aimée, cherchant son être et les propriétés de son événement. Car l’œuvre demande à celui qui la rencontre d’interroger sa forme, sa signification et son effet. Dans sa réception et son interprétation, dans ce que nous faisons d’elle, l’œuvre appelle l’écriture et interpelle la vie, l’être et la culture que le sujet, en retour, convoque. En quoi se trouve-t-elle alors liée à la conscience, au langage que nous maîtrisons et au monde que nous percevons ? En quoi est-elle issue de l’art, de l’existence et de l’histoire que l’artiste perçoit et existe et qu’elle représente ? Comment, plus simplement, existe-t-elle à la fois pour nous et en dehors de nous ? Ces questions étudiées par Gaëtan Picon supposent nécessairement d’envisager plusieurs perspectives. À partir de la lecture du sujet et de l’écrit, il faut interroger ensemble le langage, la représentation, le monde et la création. Dans l’ensemble de ses écrits, Gaëtan Picon a consciencieusement apporté une forme de réponse à l’expérience de l’œuvre à laquelle cette thèse s’engage à donner une lecture et une visibilité.

S’orienter sur « les sentiers de la création » : étude de la collection d’Albert Skira et Gaëtan Picon (1969-1976)

Alice Scheer, 2022, sous la direction de Dominique Carlat – Université Lyon 2.

« Les sentiers de la création », collection des éditions Albert Skira, ont fait paraître entre 1969 et 1976, avec la collaboration de Gaëtan Picon, des œuvres inédites de 25 écrivains et artistes de l’époque, aussi variés qu’Aragon, Char, Michaux, Paz, Dubuffet ou encore Lévi-Strauss. Le principe consiste à demander à ces derniers de revenir sur les chemins de leur création afin de retrouver, selon les mots d’Albert Skira, « l’inattendu qui les guettait », en prenant toujours soin de mêler deux moyens d’expression différents : les mots et les images. C’est donc avec une grande liberté que les auteurs s’emparent de cette ligne de conduite éditoriale, qu’ils fassent le choix de réaliser leurs propres illustrations ou qu’ils parsèment leur parcours d’œuvres de diverses origines. Au fil des pages et de la réflexion, texte et image se complètent, luttent, « dialoguent » et s’apprivoisent. Comment une telle œuvre de commande trouve-t-elle alors sa place dans une œuvre personnelle plus vaste ? Le prétexte d’une telle forme mixte permet-il, en somme, l’élaboration d’une forme poétique qui sache cristalliser des enjeux littéraires et esthétiques propres ? Malgré la grande hétérogénéité du corpus, l’étude des enjeux de la représentation telle qu’elle est pensée à travers les rapports entre texte et image permet de dégager des points de convergence entre les différents livres et, partant, entre leurs auteurs. Ces recherches visent alors à proposer un panorama nuancé des conceptions de la représentation à l’œuvre dans ces ouvrages d’artistes majeurs du XXe siècle.

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