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Biographie1

Paris – Jardin du Luxembourg – 1938

Les années de formation (1915-1944)

Gaëtan Picon naît à Bordeaux le 19 septembre 1915. Dans l’entourage familial, outre sa mère à qui il restera profondément attaché après le départ de son père, son grand-père maternel et son frère – de 9 ans son aîné – étudiant en philosophie et signataire, en 1924, du premier Manifeste du surréalisme, joueront un rôle central dans sa passion pour la littérature, la philosophie et l’art. 

Après des études de littérature au lycée Montaigne de Bordeaux, où il fait la connaissance de Robert Escarpit et de Jean Auba, il entre en 1934 à la faculté des Lettres où il rencontre Geneviève Lagueunière, étudiante en histoire – qui deviendra son épouse en 1937 –, et se lie d’amitié avec René Lacôte et Robert Kanters, grâce à qui il entre en relation avec Jean Ballard, directeur de la revue Les Cahiers du Sud, dont il devient contributeur, 

Il a pour professeurs Henri Daudin, André Darbon et Georges Gurvitch. Sous l’influence de ces deux derniers, il adhère à l’Union fédérale des étudiants, au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, aux Jeunesses socialistes, et milite pour le Front populaire.

1934, c’est aussi l’année de son premier article, « André Malraux et La Condition humaine », publié dans une revue étudiante2, envoyé accompagné d’une lettre, à André Malraux qui lui adresse en réponse « une lettre admirable ».

Après une licence de philosophie, obtenue en 1935, il consacre en 1937 son mémoire de fin d’études aux « œuvres de jeunesse de Nietzsche » – qui, sous le titre Nietzsche. La Vérité de la vie intense, ne sera publié qu’en 1998.

Le couple s’installe à Paris pour permettre à Gaëtan de préparer l’agrégation de philosophie. Major de sa promotion en 1938, il entreprend alors des études d’esthétique à la Sorbonne, sous la direction de Victor Basch et Charles Lalo. Il engage à la même époque une relation suivie avec André Malraux. Le fils aîné de Gaëtan et de Geneviève Picon, Pierre-André, naît le 4 avril 1939.

Après avoir brièvement occupé un premier poste à Montauban, où il avait choisi d’aller « pour mieux connaître Ingres », Gaëtan Picon est affecté au lycée de Mont-de-Marsan où il se lie d’amitié avec Paul Gadenne.

Deuxième année de licence – Bordeaux – 1936

En 1940, empêché de partir pour Londres comme Geneviève et lui en avaient le projet, il entreprend la rédaction de La Vérité et les mythes – publié qu’en 1979 –, un essai philosophique et politique qui lui permet « de tenir, de résister ».

Entre 1943, Geneviève et Gaëtan Picon sont nommés professeurs à Bordeaux. Gaëtan Picon est notamment chargé d’un enseignement de philosophie à la Faculté des Lettres. Parmi ses étudiants, il fait la connaissance de Jean Lacouture. Fin 1943, apprenant de l’un de ses collègues qu’il est surveillé par les Allemands, Gaëtan Picon et Geneviève s’installent pour quelques mois au Dorat Haute-Vienne, berceau de la famille Lagueunière. En 1943-1944, il commence à collaborer à la revue Confluences que dirige alors René Tavernier.

Fin 1944, il est nommé professeur au lycée Charlemagne à Paris.

Paris, après-guerre (1944-1951)

Le second fils de Geneviève et Gaëtan Picon, François-René, naît le 8 mars 1945.

À Paris, Gaëtan Picon se lie avec Georges Limbour avec lequel il collabore à l’hebdomadaire Action dont les pages culturelles sont dirigées par Francis Ponge. Il reprend également sa collaboration avec la revue Confluences et commence à écrire pour la revue Fontaine, fondée en 1938 par Max-Pol Fouchet.

La même année, il publie chez Gallimard (coll. « Essais ») son premier livre sur André Malraux, avec lequel la relation s’est poursuivie et se maintiendra jusqu’en 1966.

En 1947, Gaëtan Picon rencontre Georges Schehadé et Gabriel Bounoure.

En compagnie d’un ami et de Geneviève, son épouse – Royaumont – 1948
Genève – 1948

En 1948, il participe aux premières Rencontres internationales de Genève, où il se lie avec Boris de Schloezer et Jean Starobinski, et il publie Georges Bernanos. L’Impatiente Joie aux éditions Robert Marin.

L’année suivante paraît au Point du jour la première édition de son Panorama de la nouvelle littérature française.

En 1949, Gaëtan Picon fait une tournée de conférences en Suède, au Danemark, puis au Maroc, en Algérie et en Tunisie. En 1950, il est également Visiting Professor au Middlebury College, dans le Vermont – occasion de découvrir New York.

Beyrouth, Florence, Gand, les années vagabondes (1951-1959)

Entre 1951 et 1954, Gaëtan Picon dirige l’École supérieure des Lettres de Beyrouth, dont Schehadé est le secrétaire général. Il s’y lie avec Georges Séféris et Henri Seyrig, et y accueille notamment Roger Caillois, Elsa Morante, Alberto Moravia, ainsi que Madeleine et André Malraux.

En 1952, il participe au Congrès pour la liberté de la culture, à Paris. L’année suivante, il publie L’Écrivain et son ombre. Introduction à une esthétique de la littérature (Gallimard, 1953) et Malraux par lui-même (Le Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1953).

GP entouré de Georges Bounoure (à g.de la photo) et de Georges Shehadé (à sa d.) – Beyrouth – 1953

Professeur de littérature à l’Institut français de Florence en 1954 et 1955, Gaëtan Picon y rencontre Giovanni Baptista Angioletti, Piero Bigongiari, Mario Luzi, Eugenio Montale et Giuseppe Ungaretti.

Puis, de 1955 à 1959, il occupe la même fonction à l’École des hautes études de Gand. Il y invite, parmi d’autres, Francis Ponge, Nathalie Sarraute, Yves Bonnefoy et Julien Gracq.

Durant cette période, il publie Balzac par lui-même (Le Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1956), puis le Panorama des idées contemporaines (Gallimard, coll. « Le point du jour », 1957) et il continue à faire paraître de nombreux essais sur des écrivains, qu’il rassemblera plus tard dans L’Usage de la lecture – dont les deux premiers volumes paraîtront en 1960 et 1961 au Mercure de France.

Photo : En compagnie de Piero Bigongiari – Italie – 1957

1957 – En Italie avec Piero Bigongiari

Entre 1951 et 1954, Gaëtan Picon dirige l’École supérieure des Lettres de Beyrouth, dont Schehadé est le secrétaire général. Il s’y lie avec Georges Séféris et Henri Seyrig, et y accueille notamment Roger Caillois, Elsa Morante, Alberto Moravia, ainsi que Madeleine et André Malraux.

En 1952, il participe au Congrès pour la liberté de la culture, à Paris. L’année suivante, il publie L’Écrivain et son ombre. Introduction à une esthétique de la littérature (Gallimard, 1953) et Malraux par lui-même (Le Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1953).

1953 – Beyrouth

Professeur de littérature à l’Institut français de Florence en 1954 et 1955, Gaëtan Picon y rencontre Giovanni Baptista Angioletti, Piero Bigongiari, Mario Luzi, Eugenio Montale et Giuseppe Ungaretti.

Puis, de 1955 à 1959, il occupe la même fonction à l’École des hautes études de Gand. Il y invite, parmi d’autres, Francis Ponge, Nathalie Sarraute, Yves Bonnefoy et Julien Gracq.

Durant cette période, il publie Balzac par lui-même (Le Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1956), puis le Panorama des idées contemporaines (Gallimard, coll. « Le point du jour », 1957) et il continue à faire paraître de nombreux essais sur des écrivains, qu’il rassemblera plus tard dans L’Usage de la lecture – dont les deux premiers volumes paraîtront en 1960 et 1961 au Mercure de France.

Les affaires culturelles (1959-1966)

À la demande d’André Malraux, ministre des Affaires culturelles, Gaëtan Picon devient Directeur général des Arts et Lettres au Ministère – poste qu’il occupera jusqu’en 1966.

Aux Affaires culturelles, il n’aura eu de cesse de s’interroger sur les conditions de possibilité d’une « culture vivante », en opposant une « culture-connaissance » à la « culture-existence » qu’il défend3.

Direction générale des Arts et Lettres, Gaëtan Picon, André Malraux, Émile Biasini – Paris – 1962 – Photo archives ministère des Affaires culturelles

Émile Biasini, avec qui Gaëtan Picon collabore étroitement, se souvient : « Qu’il s’agisse de la Réforme des Arts et des Lettres, de Balthus à la Villa Médicis, d’Henri Seyrig aux Musées, des Maisons de la Culture, de Georges Auric à l’Opéra, de la réorganisation des enseignements artistiques, de l’exportation d’un La Tour, de la Décentralisation dramatique, de Genet chez Jean-Louis Barrault, et de combien d’autres affaires, que de batailles livrées, parfois perdues, parfois à moitié gagnées – de projets qu’il défendait avec acharnement auprès d’André Malraux et qu’il soutenait dans leur exécution avec le courage et l’imprudence de celui pour qui la pureté ne saurait s’altérer à la rencontre d’intérêts médiocres4. »

Cette période est aussi celle qui voit se nouer de nombreuses amitiés avec des écrivains, des poètes, des peintres et des sculpteurs, des metteurs en scène, des cinéastes et des musiciens…

En 1963, tout en poursuivant son action au ministère des Affaires culturelles, Gaëtan Picon, avec le soutien d’Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Maurice Saillet et Jean Starobinski, prend la direction de la revue Le Mercure de France – qui cesse de paraître en 1965. Il publie par ailleurs Lecture de Proust, troisième volet de L’Usage de la lecture (Mercure de France, 1963).

En 1965, il conçoit le projet de transformation du musée d’Art moderne et propose de lui adjoindre un centre de création contemporaine, ainsi qu’un centre de musique contemporaine dont la direction serait confiée à Pierre Boulez. Ce projet préfigure le Centre Pompidou, – pour lequel Gaëtan Picon a été nommé vice-président du jury du concours en août 1970 par Georges Pompidou –, sera inauguré le 31 janvier 1977.

En août 1966 enfin, à la demande de Malraux avec lequel il est en désaccord sur différents sujets, notamment sur un projet de réforme de la vie musicale, Gaëtan Picon présente sa démission. Son départ du Ministère suscite de très nombreuses manifestations d’amitié.

Le temps de la création (1966-1976)

En 1966, Gaëtan Picon est élu directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études où il enseigne l’« Histoire de la conscience et des structures littéraires ». En parallèle, il enseigne l’esthétique à l’École Nationale des Beaux-Arts.

En 1967, il fonde avec Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Louis-René des Forêts et Jacques Dupin, la revue L’Éphémère – qu’il quittera l’année suivante, à la suite des événements de mai.

Il publie la même année Ingres, étude biographique et critique (Skira, coll. « Le Goût de notre temps », 1967), puis Un champ de solitude, première œuvre de création littéraire (Gallimard, 1968), à laquelle répondra plus tard L’Œil double (Gallimard, 1970). Dans l’intervalle, Gallimard publie un important recueil de ses écrits sur l’art, Les Lignes de la main (« Le point du jour », 1969).

L’année 1968 marque également le début de sa collaboration avec Albert Skira qui lui confie la direction de la collection « Les Sentiers de la création ». Barthes, Caillois, Starobinski, Claude Simon, Prévert, Ponge, Asturias, Pieyre de Mandiargues, Le Clézio, Alechinsky, Bonnefoy, Paz, Char, Michaux, Dubuffet, Masson, Tardieu, Levi-Strauss ou Bacon comptent parmi les intellectuels, écrivains, peintres ou musiciens que Picon invite à entrer dans cette prestigieuse collection.

Lui-même y publie Admirable tremblement du temps (1970), La Chute d’Icare de Pablo Picasso (1971), Les « Carnets Catalans » de Joan Miró (1976) et contribue à La Mémoire du monde d’André Masson (1974). En 1974, les éditions Skira publient par ailleurs un livre essentiel, 1863, naissance de la peinture moderne – qui reflète en partie son enseignement aux Beaux-Arts –, et en 1976, Journal du Surréalisme.

Tout juste appelé à prendre la succession de Balthus à la direction de l’Académie de France à Rome, Gaëtan Picon meurt brutalement dans la soirée du 6 août 1976.

Les Sentiers de la Création, éd. Skira – Genève – 1973
Dans le bureau d’Albert Skira – Genève – 1972

1Ces éléments de biographie se fondent sur la biographie établie par Geneviève Picon pour L’Œil double de Gaëtan Picon, catalogue d’exposition, Paris, Centre Pompidou, 1979, et sur des archives familiales.

2La Hune, n6, printemps 1934

3Cf. Discours de Béthune, 1960.

4Témoignage d’Émile Biasini, L’Œil double de Gaëtan Picon, catalogue d’exposition, Paris, Centre Pompidou, 1979, p. 84.

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